Après une arrivée in extremis à 21h50 pour avoir droit à un dîner chaud, et une excellent nuit à l’hôtel-restaurant « Chez Rome », nous nous réveillons vers 9h00. Nous quittons Saint Nazaire en Royans et les portes du Vercors vers 10h00, direction Chamonix. Il fait très beau (Photo 1) et le Mont Blanc apparaît complètement dégagé. Des hordes de skieurs descendent du train du Montenvers. Ils viennent de faire la Vallée Blanche. Vers 13h30, on décide de s’installer à la terrasse ensoleillée d’un restaurent pour manger un peu. On craque pour un dessert : chocolat liégeois pour les garçons, crêpe au citron et amandes pour Flo. Vers 14h30 on va retirer des Francs Suisses au bureau de change : 400 Francs Suisses par personne… ça fait ma ! C’est à ce moment qu’Olivier nous rejoint. Il a la pêche, comme d’habitude et nous annonce une semaine de beau temps ! Après quelques courses de nourriture (dont du pain acheté spécialement dans une boulangerie par Pat) on repart, direction la Suisse et plus exactement Martigny, Sion, Sierre, Goppenstein, puis enfin Kippel.
Photo 1 : Arrivée à Chamonix
A Martigny, Pat voudrait acheter de la Williamine, spécialité de la région, mais à l’heure à laquelle on y arrive (17h30), la boutique est malheureusement déjà fermée. La Vallée du Rhône Suisse est remplie de vergers et de vignes en terrasse. Des chalets en bois posés au milieu de pelouses vert vif bordent la route. Ca y’est, on est en Suisse ! On arrive à Goppenstein vers 18h30. C’est la gare depuis laquelle on partira demain pour attaquer notre raid. On en profite donc pour acheter les billets de train en avance. Les guichets étant fermés, on doit se battre avec l’écran tactile d’un automate. Finalement, nous arrivons à Kippel vers 19h30 à l’hôtel Loschental. Le propriétaire, Suisse Allemand d’une soixantaine d’années, est vraiment très serviable. Il nous propose de nous emmener, le lendemain, au train de 6h40 à Goppenstein avec son van. On charge donc les skis, les bâtons et les piolets dans son véhicule. On se bat un peu pour récupérer le matos léger qu’Olivier à amené au cas où : un piolet pour Piack, un piolet pour Pat, une paire de crampons pour Flo, un paire de crampon pour Piack. On se dépêche un peu car on nous attend pour dîner. L’hôtel ferme le lendemain et il ne leur reste plus grand chose : on a droit à un menu unique : salade crudité, cotes d’agneau avec des légumes et des frites et une glace moka et/ou strataciella… Ensuite, c’est la répartition de la nourriture et des barres de céréales, suivi par le pesage des sacs. Pat a l’impression d’avoir le sac le plus lourd. Est-ce bien vrai ? Olivier nous explique comment utiliser les cordelettes qu’il nous a achetées : c’est pour sortir des crevasses au cas où on tomberait dedans !!! Bonjour les cauchemars pendant la nuit ! Extinction des feux vers 22h00, alors que dehors, il se met à pleuvoir !
Le réveil à 5h15 est difficile mais nous sommes tous prêts à 5h30 pour le petit déjeuner… sauf Pat ! Peut être à cause de son sac à dos trop lourd ? On part vers 6h15, direction Goppenstein, dans le Van du propriétaire de l’hôtel. Il fait un peu gris. Le premier train nous mène de Goppenstein à Spieze, où nous effectuons un premier changement, en direction d’Interlaken Ost. Un flot de skieurs nous rejoint, direction, Lauterbrunnen. De là, nous prenons un ticket, dans l’urgence, pour le Jungfraujoch (Photo 2), le plus haut train d’Europe : « Top of Europe ». C’est insolite de voir des skieurs, chargés de sacs à dos, au milieu de Touristes en Jeans et Baskets. Il y a d’ailleurs beaucoup d’asiatiques (japonais, chinois, coréens, indiens…) armés de caméscopes dernier cris. Nous nous arrêtons 5 minutes pour admirer le panorama visible depuis une ouverture creusée à mi-pente de l’Eiger. C’est vraiment impressionnant ! Il fait maintenant un temps magnifique. A l’abris, à côté d’un distributeur automatique, nous nous préparons : on met l’ARVA, le baudrier décoré de divers mousquetons, cordes et autres sangles, le bonnet, etc… On dirait de vrais pros ! Ca y’est, c’est le départ, il est 11h15. On s’engage dans le long couloir creusé dans le cœur de la montagne qui nous amène à notre point de départ : Le Sphinx ! Faut départ ! Flo a oublié ses gants et ses lunettes sur le distributeur de billets ! Enfin, vers 11h30 c’est le vrai départ.
Photo 2 : Pat et Sim dans le train pour le Jungfraujoch
Photo 3 : Simon devant l'Observatoire du Jungfraujoch, la Jungfrau et le glacier d’Aletsch
Les touristes nous regardent avec admiration. Pour l’instant, ce n’est pas trop dur : un faux plat montant. La vue sur la JungFrau et le glacier d’Aletsch est magnifique (Photo 3). Le glacier d’Aletsch est le plus grand glacier du monde. On frime un peu moins dès que ça commence à monter. On est à 3500 m d’altitude et le souffle est court, mais surtout Olivier nous annonce en passant sous un sommet qu’on a à peine remarqué : « Il fait beau, on pourrait faire le Mönch ! ». Il faut dire, qu’avant de partir, on avait regardé un livre sur les sommets de l’Oberland, et le Mönch paraissait particulièrement aérien avec une arête de neige finale très très fine ! Avant de se décider, on décide de pique-niquer au pied du Mönch (il est 12h !) en attendant de voir comment le temps évolue, car des nuages commencent à arriver. On attaque le rôti de porc, le Comté et le chocolat aux noix de cajou. A la fin du repas, le temps s’est couvert, aussi, avec une pointe de soulagement, nous décidons plutôt de passer le col de Mönchjoch, en évitant toutefois de justesse une crevasse !
De là, une descente en poudreuse bien sympa (Photo 4) sur l’Enigschneefäld nous mène jusqu’à la partie plate du glacier. Il faut cependant faire attention aux crevasses cachées par la neige. En regardant la carte, on se rend compte qu’on n’a pratiquement rien fait en terme de distance, le glacier étant tellement immense.
Photo 4 : Descente depuis le col de Münchjoch sur l’Envigschneefäld
Photo 5 : Les échelles qui mènent à Konkordiahütte
Alors que le soleil semble percer à nouveau, on décide de monter vers le Walcherorn (3690 m) qui se trouve à 300 m de dénivelé au dessus de nous. On pose les sacs en route, ce qui nous allège significativement et nous permet d’accélérer un peu. On arrive au sommet dans le brouillard et le vent. On ne s’attarde pas et on redescend ensuite dans un brouillard léger, jusqu’à l’endroit où se trouvent nos sacs. La neige, assez collante, empêche les skis mal fartés de glisser correctement. Olivier nous prête une bougie… malheureusement blanche ! Piack la laisse échapper… et c’est un miracle de la retrouver ! On rejoint ensuite la langue glaciaire jusqu’au pied du refuge Konkordia, perché à 130 m au dessus de nous sur un piton rocheux !
On laisse nos skis au pied des escaliers métalliques qui montent laborieusement jusqu’au refuge. Excellent exercice pour les fessiers ! Le souffle est à nouveau court, mais le Panorama est splendide. Mais pourquoi le refuge est-il perché si haut ?! A cause de la fonte glacière ! Enfin, vers 17h00, on arrive sur la terrasse du refuge, baignée de soleil ! Bière reminéralisante obligatoire (Photo 6) ! De la Rugen Bräu, brassée à Interlaken. On reprend rapidement des forces. On s’installe ensuite dans nos chambres et à 18h45, c’est le deuxième service. On a la fringale et on trouve les portions un peu légères… à part pour les pâtes. Au menu : soupe aux champignons, salade, spaghetti bolognaise et en dessert une mousse strataciella. Un seul mauvais point : si on veut de l’eau, c’est 12 francs suisse la bouteille de 1,5 L [en fait ce sera la même chose dans tout le massif] ! On préfère finir nos gourdes. A 21h00, tout le monde part se coucher ! Les couchettes sont confortables, avec de vraies couettes !
Photo 6 : Bière reminéralisante sur la terrasse du refuge
Pat nous réveille à 5h50. Dur dur, on serait bien resté au lit un peu plus longtemps, surtout que la nuite a été mouvementée, avec un gars malade qui piquait des sprints à l’extérieur à fréquence soutenue ! On prend le petit déjeuner vers 6h15, bien tranquille dans le réfectoire, car tout le monde est déjà parti ! On démarre vers 7h20, par la descente des 150 m d’échelle ! On comprend mieux le conseil « ne pas louper une marche »… ça serait un vol plané direct 150 m en dessous ! Il vaut mieux ne pas avoir le vertige !
Le ciel est complètement dégagé, il fait grand beau. Les sommets des montagnes enneigées prennent des couleurs dorées. Le panorama sur l’Aletschhorn est somptueux (Photo 7). On attaque par la remontée du glacier de Grünegg. Petit à petit on voit apparaître, au loin, le massif du Mont Rose. Au bout de 400 m de montée, on oblique, direction le Grünegghorn. On pose quelques affaires à l’abris d’un rocher pour alléger nos sacs. On reviendra casser la croûte là plus tard. Il est environ 9h00.
Photo 7 : Panorama matinal
On suit une trace de montée assez raide. Le souffle est court car on est à environ 3200 m d’altitude. La pente se raidie encore jusqu'au pied d’un couloir situé vers 3450 m. Autour de nous, le paysage est grandiose avec des sommets majestueux et des glaciers parsemés de crevasses et de blocs de glaces énormes. Pour passer le couloir, on doit porter les skis à la main. En haut du couloir, encore une fois, un panorama grandiose sur la JungFrau s’offre à nous (Photo 8). De là, un dôme, suivi d’une montée raide, restent à parcourir pour atteindre le sommet, 250 m en dessus. Il est environ 10h45 et les estomacs commencent à crier famine.
Photo 8 : Pause après le passage d’un couloir, devant un très beau panorama
On pose nos sacs et on s’élance. La neige est très bonne et malgré la pente, on n’a pas besoin de crampons. La vue sur les crevasses du glacier Enigschneefäld, la JungFrau et notre itinéraire de la veille est vraiment très belle. On arrive finalement au sommet du Klein Grünegghorn (3787 m) vers 11h30 (Photo 9). Une arête aérienne permet de rejoindre le Gross Grünegghorn à 3860 m, mais il nous aurait fallu une corde pour s’y aventurer. On s’arrête un moment pour admirer le paysage alentour. Ce massif, avec ses glaciers énormes qui se rejoignent, et ses sommets 1000 à 1500 m plus haut, est vraiment impressionnant.
Photo 9 : Photo de groupe au sommet du Klein Grünegghorn (3787 m)
Vers 12h00, on décide de redescendre. Les premiers virages son un peu difficiles car sous la neige de printemps il y a un peu de glace. On s’éclate quand même. Un petit moment délicat se présente lorsqu’on doit descendre le couloir, surtout qu’on a retrouvé nos sacs. Ensuite, on a 300 à 400 m de pente fabuleuse en neige de printemps parfaite et non encore tracée, jusqu’au rocher où nous avions laissé nos affaires à la montée. On est content de casser la croûte, car on a tous très faim ! Au menu : rillettes de thon, cantal et chocolat. On ne peut pas trop s’éterniser car la neige chauffe et il pourrait y avoir des coulées au dessus de nous. On rechausse donc au bout de 20 à 30 minutes.
Il faut remonter 200 m jusqu’au col de Grünhornlücke qui se trouve à 3280 m. Le temps commence à se couvrir. On commence à accuser le coup de l’effort et de l’altitude, et la montée parait longue. Seul Sim semble en forme. Lorsqu’on arrive au col, les sommets alentours sont bouchés… Notamment le Finsteraarhorn (4274 m) qu’on a prévu de faire plus tard dans la semaine. Par contre, on a une vue « plongeante » sur notre refuge : Finsteraarhornhütte. Il est, lui aussi, juché sur un promontoire rocheux à 100 m au dessus du glacier Fieschergletscher. 300 m de descente nous amènent sur le glacier et il faut ensuite un peu pousser sur les bâtons pour se retrouver au pied du refuge.
On décide de porter les skis à mi-pente (50 m environ au dessus) (Photo 10). Après tous les efforts de la journée, ça nous achève. On pose les skis à l’abri d’un rocher, où ils passeront la nuit. On termine ensuite l’ascension jusqu’au refuge par des échelles métalliques. On est content de poser nos sacs et d’enlever nos chaussures. Il est 15h30 à peine. Des flocons commencent à tomber alors qu’en même temps il y a une éclaircie. Il est plus qu’instable ce temps !
Photo 10 : Montée finale à la Finsteraarhon Hütte, skis sur le dos
Une mauvaise surprise nous attend : le refuge n’a pas noté notre réservation d’aujourd’hui. Il n’a que les 2 prochaines nuits ! Heureusement Olivier a amené la confirmation qu’il avait reçue par mail. On va donc dormir sur des matelas quelque part. On est trop crevé et assoiffé pour se démoraliser. On foncercommander une tournée de bières Eichhof Lagger, que l’on commence à déguster sur la Terrasse du refuge. Mais la neige s’intensifie et on se rapatrie à l’intérieur.
Un peu avant 17h00 Pat déclare : « Je suis quasi cuit ! ». Vers 17h30, c’est l’heure du dîner, tant attendue ! Pour l’instant, un groupe de 7 personnes répondant au nom de « Chamonix » ne s’est toujours pas présenté. Du coup, on est largement servi : soupe, betterave, polenta et viande en sauce, meringue ! Mais toujours pas d’eau. Aujourd’hui on a liquidé notre stock d’eau, donc on est obligé d’acheter 2 bouteilles de 1.5 L à 12 Francs Suisse chacune ! On attend jusqu’à 19h00, mais toujours pas de « Chamonix » en vue. Flo va relancer la gardienne, qui accepte de nous montrer nos lits ! Ouff, on va bien dormir dans un dortoir et pas quelque part dans le couloir ou dans la cuisine !
A presque 19h30, Pat part se coucher ! Piack arrive à récupérer un peu d’eau qui coule du toit pour qu’on puisse un peu se laver. Si on n’arrive pas à se laver de 7 jours, ça va donner ! A 20h30, tout le monde est au lit !
La nuit a été difficile : un gros ronfleur à côté d’Olivier et des allées et venues incessantes avec la lumière du couloir en pleine figure pour Sim & Flo. A 6h00, on petit déjeune pour attaquer vers 7h30 par la descente jusqu’à nos skis. Le gardien du refuge est sympa est accepte de nous changer de lit pour les 2 prochaines nuits. Pendant la nuit, il a neigé 10 cm environ. Le panorama sur les sommets alentours, plâtrés de neige est splendide (Photo 11). Cependant, le ciel est laiteux.
Photo 11 : Le Gross Wannenhorn vu depuis le refuge Finsteraarhonhütte
On commence par la descente jusqu’au Fieschergletscher, 50 m en dessous, suivi d’un faux plat descendant pour travers le glacier jusqu’au pied du Gross-Wannenhorn. Il est imposant, avec une face abrupte. Olivier s’élance, léger, avec un pas du patineur efficace… derrière, avec nos skis mal fartés, on rame ! Voilà un petit échauffement musculaire en début de journée. Un groupe de Suisses, avec de gros skis de poudreuse, nous mettent un vent. C’est un peu vexant ! Enfin, c’est le début de l’ascension. Le temps de chausser les peaux de phoque et de se préparer pour la montée, Piack prend de l’avance. Deux ou trois groupes ont déjà fait la trace dans la poudreuse. Tant mieux ! Ca facilitera notre progression. Par contre, la trace est très raide. On doit mettre les « calles au max » et le souffle est court. On rattrape les 2 groupes précédents qui s’arrêtent pour s’encorder. A priori, il n’y en a vraiment pas besoin. Ils repartent à bonne allure et on les laisse passer. Ensuite, c’est une longue ascension, parsemée de raidillons, au milieu de crevasses, qui nous attend. Des séracs aux reflets bleus nous surplombent (Photo 12). Au bout de 400 m de dénivelé, on est crevé… pourtant, il nous en reste bien 600 de plus !
Photo 12 : Montée au Gross Wannenhorn au milieu des séracs
On monte 300 m et on commence à croiser les premiers skieurs qui redescendent. En fait, ils se sont arrêtés quelques mètres plus haut et ont décidé de faire demi-tour. En effet, le temps se couvre et le sommet se retrouve malheureusement dans le brouillard. Un raidillon de 200 m environ nous mène sous le sommet. Chaque pas demande de la volonté. Il faut dire qu’on est à 3700 m d’altitude passés ! On se retrouve dans le brouillard et la neige se met à tomber. Dès qu’on s’arrête, il fait vite froid. Après le raidillon, on arrive rapidement au sommet par une sorte de crête et un replat. On ne voit presque plus les traces de ceux qui nous précédent. On est à 3906 m, il est 11h55 et le vent est très fort. Le temps de faire 2 photos au sommet (Photo 13) et on se dépêche d’enlever les peaux et de se couvrir pour la descente. Les doigts crient de froid !
Photo 13 : Pat & Flo au sommet du Gross Wannenhorn (3905 m)
Olivier nous demande de bien le suivre car on va traverser des zones de crevasses. Les premiers virages, avec les muscles froids, sont un peu difficiles et pas très maîtrisés, mais on se réadapte vite. On s’arrête tous les 10-15 virages, complètement essoufflés ! La neige est par endroits excellente. Le vent a maintenant cessé. On descend assez rapidement les 1000 m de dénivelé qui nous séparent du glacier. Comme il neige toujours on décide de continuer jusqu’au refuge pour casser la croûte au chaud. La traversée du glacier est longue ! Les estomacs commencent à crier famine.
Arrivé au pied du refuge, on décide de monter à ski les 50 m qui nous séparent des échelles. Les cuisses chauffent un peu, d’autant plus que la neige colle aux peaux. On sort des échelles complètement essoufflé, mais on est content d’arriver au refuge et de quitter nos chaussures fumantes.
Photo 14 : Tournée générale à la Finsteraarhornhütte
On récupère nos nouveau lits : au fond du dortoir, loin de la porte. Super ! Ensuite, c’est la tournée de bière traditionnelle, tout en mangeant notre pique-nique. Le chocolat noir truffé est succulent. Après manger, Piack par faire la sieste. Simsim note le parcours de la journée sur la carte de la Jungfrau. Vers 15h15, Oliver part aussi faire la sieste pour récupérer de sa nuit mouvementée. Pat, quant à lui, salive devant les plats qui passent sous son nez : pommes de terre, œuf, lardon… et tartes ! Flo, Sim et Pat décident finalement de rejoindre leurs collègues à la sieste. On se réveille vers 17h00, alors que le soleil chauffe la vitre à coté de nos lits. Les sommets sont en partie dégagés et on rejoint la terrasse pour profiter du soleil. Le Gross-Wannenhorn est magnifique. Malheureusement, cela ne dure pas et le brouillard bouche à nouveau complètement la vue.
A 18h00, c’est le dîner tant attendu : on partage notre table avec des québécois et des américains. Au menu : soupe à la tomate, salade, blanquette de veau accompagnée de riz, et en dessert, poire au sirop. Vers 2 0h30, tout le monde part au lit.
Pat nous réveille à 5h50, après une nuit réparatrice. Nous quittons le refuge vers 6h50 et rejoignons nos skis par les traditionnelles échelles métalliques. Pat a du mal à se préparer. Il cherche désespérément dans son sac la trousse à outil d’Olivier dont il avait la charge. La pente est un peu verglacée et assez raide, aussi on décide de mettre directement les couteaux. Aujourd’hui, on attaque par la pente qui surplombe le refuge (Photo 15). On démarre tranquillement la montée vers 7h15, en laissant Pat derrière nous. Avec la forme qu’il a, il nous rattrapera bien au cours de la montée !
Photo 15 : Flo devant les échelles de la Finsteraarhornhütte
Photo 16 : Panorama sur le Grünegghorn et le Fisherhorn
La pente est soutenue tout le long, sur les 1100 m de dénivelé que l’on doit gravir aujourd’hui. Le ciel est un peu laiteux bleu-gris et tous les sommets alentours sont dégagés. Au fur et à mesure que l’on s’élève, le panorama est somptueux (Photo 16). On a d’abord une très belle vue sur le Gross-Wannenhorn que nous avons gravi hier et les glaciers Walliser Fiescherfirn et Fieschergletscher. Ensuite, l’Aletschhorn, apparaît, majestueux. Vers 3600 m, on doit déchausser les skis sur une centaine de mètres (Photo 17) pour passer une crête rocheuse et se retrouver sur la langue glacière suivante (Photo 18). On en profite pour se désaltérer et grignoter un peu. De ce col, on a une très belle vue sur le Fiescherhorn que l’on souhaite gravir demain. La mer de nuage, jusque là vers 2000 m commence à remonter. On voit l’ombre des nuages sur le glacier en contrebas, lui donnant un aspect moutonné.
Photo 17 : Sim arrive sur la crête, devant le Gross Wannenhorn
Photo 18 : Flo et Olivier sur la crête
De là, une longue montée raide, soutenue, nous mène au sommet. Soudain, Olivier trace tout droit jusqu’à la corniche, pour regarder le passage du glacier qu’il souhaite nous faire prendre à la descente. On double rapidement un guide et son client, qui semble à l’agonie. Plus haut, Olivier nous dit de s’espacer de 10 m. En effet, on passe sur un pont de neige qui prolonge une énorme crevasse a priori effondrée par un skieur ! Des traces de ski filent droit dedans et de nombreuses traces de pas sont visibles tout autour de la crevasse !
On continue ainsi la montée d’un pas lent mais soutenu, jusqu’à l’épaule du Finsteraarhorn, appelée Hugisattel. Les derniers pas sont difficiles à cause de l’altitude, mais on arrive au bout de nos peines vers 10h45. On voit les cordées qui attaquent l’arête finale, longue de 200 m (Photo 19). Elle n’a pas l’air très sympa !! Côté Nord, la face est impressionnante : une falaise verticale de 1000 m de haut !
Photo 19 : L’arête finale du Finsteraarhorn
On a aussi une bonne vue sur le parcours que l’on fera demain : tout le glacier Walliser Fiescherfin que l’on va remonter et le Fiesherhorn. Le brouillard qui nous rejoint recouvre bientôt l’arête finale. Il ne doit pas faire bon être sur l’arête en ce moment !
On rechausse nos skis, on s’habille un peu et on attaque la descente tant qu’on a encore de la visibilité. On file d’abord à gauche pour éviter les crevasses. Olivier nous demande de bien suivre sa trace. Soudain il nous dit : « là, ne vous arrêtez pas ! ». en fait, on repasse sur la continuation de la crevasse de la montée.
La neige est assez bonne : 10 à 20 cm de neige fraîche recouvre une couche un peu plus dure. Ensuite, on oblique complètement à droite pour s’engager dans une pente où personne n’est encore passé. Il y a, jusqu’en bas, une très bonne pente soutenue à plus de 35°. Pas une trace qui vient nous gêner ! La descente est vraiment sympa. Heureusement qu’Olivier avait repéré le passage à la montée, car on est dans le brouillard. On évite quelques passages de glace vive et on passe sous des séracs monumentaux.
On retrouve le glacier Walliser Fiescherfrin vers 12h30. Il ne nous reste plus qu’à rejoindre le pied du refuge et remonter les inévitables 100 m ! Ce coup-ci on laisse les skis en bas. Il neige maintenant un peu plus, mais il fait quand même une chaleur étouffante. La montée au refuge finie de nous achever. On est, encore une fois, bien content de quitter les sacs, les baudriers et les chaussures (Photo 20). On se change rapidement et on va s’installer au réfectoire. Une tournée de bière vient accompagner un succulent Rösti (pommes de terre râpées, lardon et œuf) ! Il est 13h et les estomacs commençaient à crier famine. Derrière nous, on entend un français qui raconte qu’il est tombé dans une crevasse la veille ! Ca y’est, on a notre explication ! Heureusement il a pu s’en sortir mais il reste quand même un peu choqué. Il faut dire qu’il descendait non encordé dans le brouillard sur une pente pleine de crevasses !
Photo 20 : Piack et Simon, de retour au refuge
Vers 15h00, tout le monde part à la sieste. Simon a une migraine carabinée. Dehors c’est toujours aussi bouché. Vers 17h30, c’est l’appel pour le dîner. Encor une fois très copieux, vu qu’il manque 4 personnes à table. Sont-elles perdues dans la montagne ? Le gardien les cherche régulièrement à la jumelle ! Au menu : bouillon de légumes, salade, purée, blanquette et crème au café. On est rassasié ! Vient ensuite l’heure de régler la note : 235 Francs Suisse par personne ! Ca y’est, Pat est à sec ! Heureusement, on arrive à s’en sortir entre les Francs Suisses et les Euros des un et des autres. Il nous faut tenir encore 2 nuits. On va devoir taper dans la cagnotte d’Olivier si ça continue ! A 20h30, tout le monde part au lit car une longue journée nous attend demain… On n’a pas de nouvelle du groupe qui n’est pas rentré, mais ça n’a pas l’air d’inquiéter plus que ça le gardien!
Ce matin le réveil est avancé à 5h00. En effet, une longue journée nous attend. Si le temps le permet, on ira au Gross Fiescherhorn. S’il fait vraiment un temps abominable, on fera un immense tour par les glaciers. Entre les 2 options, plusieurs alternatives s’offrent à nous : le Klein Fiescherhorn ou le col du Fiescherhorn (le Fieschersattel). Lorsqu’on se réveille, tous les sommets sont bouchés et il y a du grésil. Mauvais signe. A 5 heure, il y a beaucoup plus de monde au réfectoire qu’à 6 ! Après le petit déjeuner, le grésil s’est calmé mais il ne fait pas beaucoup plus beau. Il faut quand même démarrer la journée.
La descente à pied jusqu’aux ski est, contre toute attente, facile car la neige n’a pas vraiment gelé pendant la nuit. On chausse les skis à 6h20. On attaque par la longue remontée du glacier Walliser Fiescherfirn : un peu plus de 3km pour 250 m de dénivelé. On avance d’un bon pas. Il nous faut 1h15 pour faire la remontée et on rattrape un groupe parti un peu avant nous. Parfois un carré de ciel bleu semble poindre le bout du nez, mais ça se recouvre aussi sec. La montée « sérieuse » démarre alors, beaucoup plus raide, au milieu de crevasses monstrueuses, entourées de séracs énormes. Comme dirait le grenoblois croisé au refuge « Une belle ambiance » ! Olivier nous encorde en 2 cordées : Piack et Flo avec lui et Pat et Sim ensemble. Au début, c’est l’autre groupe qui fait la trace, puis nous passons devant. Il y a une bonne vingtaine de centimètres de poudreuse. Olivier nous fait zigzaguer entre les crevasses et les ponts de neige.
Vers 3700 m on arrive sur un replat. Le brouillard nous isole complètement. Olivier se repère au GPS et à la boussole pour reprendre le bon cap. Vers 10h30, on arrive comme par magie, directement au col, le Fieschersattel (3928 m), sous le Gross Fiescherhorn (Photo 21). Avec le brouillard qu’il y a on décide de redescendre directement. Olivier a repéré une pente un peu plus haut. On commence à chausser les skis en position descente pendant qu’il va voir comment ça se présente. Il trouve que c’est un peu trop engagé et nous dis de mettre les crampons et de ne garder que le piolet à la main. On installe les skis et les bâtons sur le sac, déjà bien lourd. Un vent froid nous gèle sur place. Olivier nous encorde : Piack & Flo devant, Pat & Sim derrière. On commence à s’engager dans la pente, d’abord parsemée de roches. Ensuite, on s’engage dans une pente de neige à plus de 45°.
Piack & Flo font 3 pas dedans et sentent que sous les 10 cm de neige, il y a de la glace vive. Olivier leur dit de se retourner et descendre en marche arrière s’ils ne se sentent pas à l’aise !! Ca ne les inspire pas du tout de se mettre en arrière ! Ils se regardent et hésitent carrément ! Piack fait un pas de plus et là, « Rraouff », toute la pente descend d’un cran dans un bruit sourd et une fissure barre toute la face ! Flo crie « toute la pente bouge ! ». Olivier nous dit « faite marche arrière, vite ! » et tire la corde.
Photo 21 : Au col du Fiescherhorn
Photo 22 : Pique-nique au milieu du glacier Enigschneefäld
Du coup, Flo qui avait passé la corde sur le sac pour ne pas s’y prendre les pieds dedans, se retrouve plaquée contre la montagne sans pouvoir faire marche arrière. Panique à bord ! Elle arrive finalement à se retourner et on remonte sur la crête, essoufflés. Des gens, en dessous, se dirigent droit dans la pente instable. Olivier leur crie de pas monter par là car il y un gros danger d’avalanche. On décide de revenir au col un peu en dessous. Olivier descend une première fois pour voir comment ça passe et va parler au groupe qui monte.
On enlève les crampons et on pose le piolet sur le sac. Olivier installe ensuite un corps mort (il creuse une tranchée de 1 m de profondeur, perpendiculaire à la pente pour y glisser un piolet auquel est attaché une corde, qui repose également dans une tranchée perpendiculaire à la précédente. On recouvre le tout de neige fraîche). On va se servir de ce corps mort pour descendre en rappel les 60 premiers mètres de la pente que l’on surplombe car il y a trop de cailloux pour y passer en ski et la pente est à plus de 45-50°. On voit les gens monter par ces rochers. Ils sont bien sûr encordés mais n’ont pas de crampons. Olivier lance la corde et nous montre comment descendre. Il a installer un ½ nœud de cabestan sur un mousqueton. En bas (on ne le voit pas) il prépare une petite plate-forme pour qu’on puisse chausser les skis au bout du rappel. En dessous de nous, une pente de plus de 200 m nous attend jusqu’à une rimaye. Donc, pas question de dévaler ! Olivier remonte une nouvelle fois. Piack s’élance alors dans le rappel. Au milieu, il y a un nœud car on a accroché 2 cordes bout à bout pour couvrir les 60 m. Il faut donc réussir à faire passer le nœud dans le mousqueton de rappel ! Flo s’élance à son tour. Elle a beaucoup de difficulté à faire passer le nœud et en plus, le mousqueton, sous la force de la corde, se dévisse et s’ouvre ! Après moult efforts elle arrive à faire passer ce satané nœud. La corde se coince dans les rochers en dessous, mais ça finit par passer. Arrivée à la plate-forme, Piack a déjà mis ses skis. Flo, complètement essoufflée et carrément stressée, se désencorde une fois ses skis enclenchés, alors que Pat arrive à son tour au niveau du « nœud » et balance des blocs de neige sur ses petits camarades du dessous… Piack & Flo se décalent un peu pour laisser la place aux suivant sur la plate-forme. La pente est à bien 45°. Au dessous de nous, il y a au moins 150 m ! La couche supérieure de neige se détache sur notre passage. Flo est tétanisée car elle est persuadée que toute la pente va partir à nouveau si elle avance d’une spatule. Piack lui montre que la neige tient bien en enclenchant un virage. Après moult hésitations, Flo dérape un peu puis s’élance. En effet, la neige tient. Les premiers virages sont tout de même un peu timides. Pat, derrière, prend l’option « tout dérapage ». Sim arrive alors au « relais » et s’installe sur la plate-forme. Flo, Piack et Pat son restés à leur position en attendant les infos d’Olivier. Mais rester coincé sur une pente si raide tétanise un peu les cuisses. Ce n’est pas très confortable. Piack s’engage alors dans 4 virages consécutifs. Olivier qui arrive à son tour sur la plate-forme lui crie « arrête arrête, en bas il y a une rimaye ! Tu ne veux pas tomber dedans ! ». Du coup, plus personne n’ose bouger. On attend qu’Olivier se prépare et s’élance enfin, sans appréhension, dans la pente, ce qui finit de nous débloquer totalement. On s’engage ensuite dans une très bonne descente bien raide. On est soulagé d’être en bas.
A 50 m au dessus de la rimaye on oblique vers la droite entre les crevasses et les ponts de neige pour rejoindre le glacier Enigschneefäld. Ouff ! Que d’émotions ! La neige est excellente mais il faut bien faire attention à suivre les traces d’Olivier à 3 m près. Sur le glacier, au milieu de rien, on décide de casser la croûte (Photo 22). Il est environ 13 heures. Vers 14 h, on repart. Olivier encorde Pat derrière lui pour le « rattraper au cas où il tomberait dans une crevasse », c’est à dire pour qu’il se jette par terre s’il le voit disparaître. Sim propose alors qu’on se jette tous sur pat pour faire un corps mort pour remonter Olivier. On image bien la scène « c’est bon, il est mort ! Tu peux remonter ! ».
Photo 23 : Arrivée à Mönchsjochhütte
Photo 24 : Pat et Sim à Monchsjochhütte
L’ambiance est bonne ! Il vaut mieux avoir le moral, car ce qui nous attend n’est pas fameux : bien 3 à 4 km de glacier quasi-plat à remonter sur 250 m. Au début, le soleil semble percer, puis le brouillard nous englobe totalement. On n’y voit plus rien. La remontée du glacier à l’air d’autant plus longue. On finit par arriver à 16h15 au col de Mönchsjoch, sous le refuge du même nom, situé à 3600 m ! (Photo 23)
A 16h30 on est assis sur les bancs du refuge… exténués (Photo 24). On est partit depuis 10 h ! Le refuge est quasi-vide. C’est super ! On prend possession de nos lits où nous attend un petit chocolat sur l’oreiller ! On met nos affaires à sécher et on rejoint le réfectoire, très agréable, pour se désaltérer (bières, panaché et jus de pomme). Le ciel se dégage soudain ! On voit notre trace laborieuse. En face du refuge, l’arête du Trugberg (3880 m) apparaît, majestueuse. La vue sur l’Aletschhorn se dégage également. Avec la lumière du soir c’est splendide.
Photo 25 : Vue sur l’Aletschhorn depuis la Monchsjochhütte
A 19h00, c’est le dîner : soupe à la tomate, salade, spaghetti carbonara et sauce aux peperoncini et enfin, en dessert, prunes au sirop. A 20 h, c’est la météo : mauvais pour demain ! Vers 21h00 tout le monde part au lit. Olivier se lèvera à 5h15 pour voir le temps et nous réveiller si par chance il fait beau, car on a prévu de faire le Mönch.
On ouvre un œil vers 6 h pour découvrir que dehors, le temps est abominable. On n’y voit absolument rien ! On se rendort jusque vers 7h30 et on décide, petit à petit de se lever. Quelle grasse matinée ! On se retrouve tous au petit déjeuner. Dehors, c’est la purée de poids avec des rafales de vent. On attend un peu pour voir si ça s’améliore, mais vers 8h30, il est évident que ça restera comme ça. On abandonne donc, désolés, l’idée de monter au Mönch ou à la Jungfrau et vers, 9h30, bien couverts, on attaque la descente du glacier de Jungfraufirn.
Au début, on suit la trace de ratrack qui mène à l’observatoire du Sphinx, par lequel nous sommes arrivés le premier jour. A partir de là, Olivier décide de nous encorder pour descendre le glacier, car on n’y voit absolument rien et il y a un vrai risque que le premier tombe dans une crevasse. On ne se bat pas pour être encordé ! Olivier encorde derrière lui Piack et Simon, et Pat & Flo, suivent, libres de leurs mouvements. Le ski encordé, c’est « franchement pas drôle », surtout pour celui qui est au milieu ! Au bout de 200 m environ, on passe sous le brouillard et la visibilité augmente significativement. On peut se désencorder et, en faisant attention à bien suivre les traces d’Olivier, on arrive même à faire du bon ski. Arrivés en bas du glacier Jungfraufirn on rejoint le glacier de Grosser Aletschfirn, que l’on doit remonter jusqu’à Hollandiahütte.
Photo 26 : Descente dans le brouillard
Photo 27 : Repas à 3400 m
Là, comme il fait presque beau, Olivier décide de nous faire monter vers un petit sommet, par une pente qui longe des arêtes rocheuses très aiguisées. Cela nous permettra d’éviter une grande partie de la remontée monotone du glacier. La neige est presque « soupe ». Soudain, on voit un lièvre variable qui fuit sur notre passage. C’es magique. La pente est assez raide. On a une vue impressionnante sur les sommets alentours et notamment le Gletscherhorn. Derrière nous, on distingue également le Grunegg et ses 2 pointes rocheuses. On monte ainsi environ 650 m, pour arriver à 3400 m. Il est 13h00 et on décide de pique-niquer là. La vue sur les crevasses du Kranbergfirn est impressionnante. Les sandwichs préparés par la gardienne du refuge sont très bons. On reste ainsi ¼ d’heure environ et on profite d’une éclaircie pour attaquer la descente repérée par Oliver, rejoindre le Kranberfirn, traverser le Gletscherhornfirn et rejoindre le Grosser Aletschfirn.
Les pentes sont assez raides et on fait de l’excellent ski en neige de printemps. On passe sous des séracs imposants (Photo 28). On zigzague un peu entre les crevasses et bien trop rapidement, on atteint le point fatidique où il faut remettre les peaux et attaquer la remontée du glacier de l’Aletsch qui nous ramènera à Hollandiahütte située à 3240 m.
Photo 28 : Olivier descend au milieu des séracs
Photo 29 : Remontée du glacier de l’Aletsch jusqu’à Hollandiahütte
Le soleil est maintenant sorti alors que les sommets qu’on a laissé derrière nous sont toujours dans le brouillard. Les montagnes qui nous entourent sont magnifiques et notamment le massif de l’Aletschhorn, faces de 1200 m de haut, plâtrées de neige fraîche (Photo 31).
La remontée est longue, longue, longue (~ 3 km pour 300 m de dénivelé). On doit se protéger du soleil qui nous cuit littéralement. Au fond, on voit apparaître la Hollandiahütte, perchée à près de 100 m au dessus du col de Lötschenlücke (Photo 29). On coupe un peu en remontant en direction du refuge et non du col. On arrive finalement assez fatigués, directement au refuge (Photo 30). Il est 15h30. Le gardien s’est trompé pour notre réservation, mais heureusement ce n’est pas la place qui manque ! Encore une fois, on est quasiment seuls au refuge. Par contre, on est au 3ème étage… Aïe aïe aïe les cuisses et il fait assez froid dans les chambres. Dehors, le brouillard venant de la vallée a rejoint le refuge. On s’installe, on se change et hop, c’est la tournée de bière.
Photo 30 : Arrivée à Hollandiahütte
Le repas arrive assez vite, vers 17h30. On prend la direction des lits vers 20h00.
Après une nuit réparatrice mais
fraîche dans un grand dortoir vide et non chauffé, Olivier nous réveille un peu
avant 6h00. Dehors, les sommets sont dégagés comme jamais ! On petit
déjeune avec les 2/3 autres groupes présents dans le refuge. Vesr 7h00, on sort
se préparer : il fait très froid, mais grand beau. Les skis sont
complètement givrés. En dessous de nous, dans la vallée, c’est la mer de nuage
(Photo 31). Au fond, on
voit apparaître le Mont Blanc et les Grandes Jorasses.
On attaque la journée vers 7h20. On remonte le glacier Äbeni Fluefirn sur 700 m de dénivelé environ. A la sortie du refuge cela monte raide sur 150 m jusqu’à ce qu’on atteigne un long plateau. Autour de nous, le paysage est magnifique : à gauche, le Mittaghorn, à droite, l’Äbeni Flue et derrière le Sattelhorn et l’Aletschhorn (Photo 32). Plus on s’élève, plus on voit de nouveaux sommets apparaître : le Grosshorn, le Breithorn. On quitte la plupart des skieurs qui se dirigent vers le col de l’Äbeni Flue-Joch, alors que nous obliquons à droite vers l’Äbeni Flue. 300 m sous le sommet, on attaque une pente raide. Un vent glacial souffle fort et nous gèle sur place. Il efface quasiment les traces au fur et à mesure qu’on avance. Le paysage qui s’offre à nous est somptueux. On se croirait sur le toit du monde. Derrière nous un dôme rocheux effilé et aérien apparaît : probablement le Roti Flue.
Photo 31 : Départ de Hollandiahütte, sous un soleil radieux
Photo 32 : Au fur et à mesure de notre ascension les sommets alentours se dévoilent
C’est dans une ambiance polaire que nous arrivons finalement vers 10h30 au sommet de l’Äbeni Flue, à 3980 m, entourés d’un paysage à couper le souffle : au Nord, la Jungfrau ; à l’Est, le Gletscherhorn et plus loin, les Grunhorn ; au Sud, le Sattelhorn et l’Aletschhorn ; et à l’Ouest, en premier plan le Mittaghorn, le Grosshorn et le Breithorn, et , au fond, le Mont Rose, le Cervin et le Mont Blanc accompagné des Grandes Jorasses ! Les 4 sommets les plus célèbres des Alpes sont là, autour de nous (Photo 35).
En raison du froid, on ne peut tout de même pas trop s’attarder au sommet. Flo trouve quand même que c’est un moment adéquat pour changer sa pellicule photo ! Aïe les doigts ! On se prépare à redescendre. Vu le vent, ce n’est pas très facile d’enlever les peaux, se couvrir un peu... surtout pour Flo, emmêlée entre les sangles attachées au baudrier et le cordon de son appareil photo ! On finit par s’en sortir !
Photo 33 : Au fur et à mesure de notre ascension les sommets alentours se dévoilent
Photo 34 : Au sommet de l’Äbeni Flue (3980 m)
Photo 35 : Panorama depuis le sommet de l’Äbeni Flue (3980 m)
Et c’est la descente qui commence : FABULEUSE ! Sur 300 à 400 m, on vole sur une pente soutenue avec une poudreuse de 20 cm très portante (Photo 36). Il suffit de « tourner une oreille » comme dirait Simon, pour faire un virage. Le bonheur ! Voilà une belle façon de finir le raid dans l’Oberland et la saison de ski 2006 ! En tous cas, on en profite à fond malgré l’altitude à laquelle on est maintenant habitué. On rejoint le plateau central de l’Äbeni Flue Firn. Il faut un peu pousser sur les bâtons. Le vent s’est un peu calmé. A nouveau, quelques bon virages nous amènent jusqu'à Hollandiahütte, mais le brouillard de la vallée nous rejoint.
Photo 36 : Descente en poudreuse depuis l’Äbeni Flue
Il est 11h30 environ et on décide de rentrer s’abriter au refuge pour manger notre sandwich. On doit de toutes façons, récupérer les affaires laissées au refuge le matin pour alléger nos sacs. On en profite pour déguster une petite tournée de bière-panaché-apfel saft. Il ne fait toujours pas chaud dans ce refuge ! Un couple de Suisse arrive au refuge. Ils nous demandent si c’est nous qui avons été déposés en hélicoptère au sommet de l’Äbeni Flue, car ils nous ont vu descendre !!!
Vers 11h30, on décide de repartir pour les 1500 derniers mètres de descente qui nous attendent pour rejoindre Fafleraplp (1771 m). On est dans un brouillard à couper au couteau et on fait bien attention à suivre Olivier car il y a quelques grosses crevasses. Soudain, Pat se rend compte qu’il a oublié sa polaire au refuge, 300 m plus haut ! On tergiverse pour savoir si la polaire vaut le coup de remonter ou non. Est-elle grosse ? Oui, non ? Finalement, oui ! Hop, Olivier se déshabille un peu, rechausse les peaux et part à allure désarmante. Nous l’attendons tranquillement dans le brouillard en regardant des petits chocards déguster un morceau de pain abandonné par des skieurs. Top chrono, 18 minutes après, Olivier revient avec la polaire rouge de Pat sur le dos ! Et en plus, dans le brouillard, il était remonté au moins 150 m plus haut que le refuge et s’en est rendu compte car il a été bloqué par une crevasse ! Il avait donc commencé à remonter le Grosser AletschFirn !!
Photo 37 : Redescente dans la vallée
Photo 38 : Arrivée à Faferalp
On reprend notre descente. Au bout de 300 m, on passe sous la couche de brouillard et il fait rapidement chaud. Le fond de la vallée apparaît soudain (Photo 37). Des faces impressionnantes dont les sommets sont cachés par le brouillard nous entourent. On a maintenant une bonne vue sur les séracs et les crevasses qui parsèment le glacier. Plus on descend et plus il fait chaud ! Le ciel se dégage même par endroits. On doit successivement enlever plusieurs couches de vêtements. On finit en tee-shirt !! Quel gradient de température entre le sommet de l’Äbeni Flue et le glacier de Langgletscher ! La neige s’est maintenant transformée et est un peu « soupe ». Petit à petit, à partir de 1900 m environ, on voit réapparaître la végétation. L’odeur des pins est bien agréable. Sur les derniers mètres, il faut pousser sur les bâtons. On arrive enfin à Fafleralp après avoir passé un petit pont pour travers la rivière Grundsee (Photo 38). Des petites granges en bois bordent le chemin. C’est curieux de retrouver la végétation et la civilisation après une semaine en milieu glaciaire. On arrive sur le parking de Fafleralp où il reste encore beaucoup de neige. On tente donc de descendre jusqu’à Blatten en longeant la route ! C’est un peu folklorique et il faut parfois descendre des rambardes de sécurité sur la route ! On préfère donc s’arrêter à l’arrêt de bus suivant. Il est 12h30 environ (Photo 39).
On attend près d’un heure, installés sur un banc au soleil, un premier bus qui nous amène à Blatten, puis on prend un bus postal qui nous descend jusqu’à Kippel où on retrouve nos voitures. C’est un peu le show sur le parking de l’hôtel Loschental, maintenant fermé pour la saison. Heureusement il n’y pas trop de monde dans la rue. Le temps de se changer et de charger les voitures, on dit au revoir à Olivier et c’est le départ pour la suite des vacances : le bord du Laggo Maggiore en Italie et la Côte d’Azur…. Mais ici se termine notre raid dans l’Oberland Bernois ! Un très beau et imposant massif.
Photo 39 : En attendant le bus pour Blatten